En 2017 l’ADEME estime la consommation de bois de chauffage des ménages français à 25,7 millions de m3 soit près de 13 milliards de tonnes de bois brûlé chaque année. On peut estimer que cette consommation génère environ 200 000 tonnes de cendres. À ce chiffre vient s’ajouter les cendres de la combustion des déchets verts et les barbecues. Ces cendres dites domestiques ne connaissent aujourd’hui pas d’usages répandus et sont considérées comme rebus. À l’heure de l’intelligence des ressources, le projet Cendrillon se saisit de cette opportunité et valorise la cendre sous forme de matériaux, par l’utilisation de méthodes expérimentales et l’utilisation de moyens simples en autoproduction. Cette méthode de production m’a permis de développer des matériaux qui tirent parti des qualités de la matière.
Les Cendres une matière délaissée
Il existe différents types de cendres. D’une part les cendres domestiques, issues de poêles, fours, cheminées et de la combustion de déchets verts. Elles sont produites par les particuliers et les restaurateurs. D’autre part les cendres industrielles notamment issues des usines thermiques. À la différence des premières, celles-ci sont valorisées dans le secteur agricole comme engrais et dans le milieu de la construction comme charge pour béton. Aujourd’hui, les cendres domestiques ne connaissent pas d’usage répandu et possèdent un statut de déchet. Résidu de la combustion de matière organique, la cendre est volatile et friable. Visuellement, elle apparaît sous forme de poudre terne. Ces qualités donnent à la cendre un aspect salissant, ce qui fait d’elle une matière non acceptée dans l’univers domestique. L’objectif de ce projet est de valoriser cette matière, par son utilisation dans un matériau.
«Lorsqu’elle avait fait son ouvrage, elle allait se mettre au coin de la cheminée et s’asseoir dans les cendres, ce qui faisait qu’on l’appelait communément, dans le logis, Cucendron. La cadette qui n’était pas si malhonnête que son ainée, l’appelait Cendrillon; Cependant Cendrillon, avec ses méchant habits, ne laissait pas d’être cent fois plus belle que ses soeurs quoique vêtues magnifiquement.»
Charles Perault
Une approche expérimentale
Pour mener à bien ce projet, j’ai mis en place la création d’une filière de valorisation de la cendre domestique. Dans un premier temps, la démarche commence par la collecte auprès des particuliers et des restaurateurs. La composition de la cendre varie en fonction du feu dont elles sont issues; en fonction de ce qui a été brûlé, de la méthode d’allumage et du mode de combustion. Ainsi, la matière cendre à la base de ces matériaux possède des caractéristiques physiques variables. Dans un second temps, j’ai abordé la transformation de la cendre par le biais de l’expérimentation. En confrontant la matière à de multiples transformations et mélanges, j’ai choisi de développer la piste de matériaux complémentaires, à la fois dans leur utilisation de la cendre, mais également dans la typologie de matériaux produits. Par ailleurs, cette méthode expérimentale m’a menée vers l’autoproduction et l’utilisation de moyens simples. Elle m’a permis de développer les matériaux en intégrant les variations présentes dans la matière., ainsi que de produire à une échelle en cohérence avec celle de la cendre domestique.
Aujourd’hui, j’ai développé 4 matériaux à partir de la cendre Grisure, Basalt, Grenue, et Regolith. Tous sont biosourcés et ont une composition majoritaire en cendre. Ce second critère permet au liant de s’effacer pour révéler l’aspect sensible de la matière.
Dans le cadre de ce projet, j’ai entrepris la rédaction d’un mémoire afin de documenter ma démarche et de formaliser ma réflexion. Dès les premières étapes, j’ai choisi d’orienter ma recherche autour d’une matière première brute : la cendre. La cendre est un matériau issu de la combustion de matière organique. Elle est volatile et friable. Visuellement, elle se présente sous forme de poudre. Ces caractéristiques confèrent à la cendre le statut de matériau « sale ». La cendre est également informe : elle ne possède pas de contour défini, ce qui empêche toute association immédiate à une échelle. Elle se décline en différentes nuances de gris, mats ou brillants. La signification de la cendre est étroitement liée à la symbolique du feu. Elle incarne un savoir ancestral de l’humanité : le feu apporte chaleur et lumière à l’habitat, et permet de cuisiner. Mais il évoque aussi la désolation et la destruction lorsqu’il devient incontrôlé. Cette dualité s’explique notamment par l’importance des cendres dans les rites funéraires. Dans mon projet, j’utilise les cendres domestiques, car elles ne sont pas valorisées et sont généralement considérées comme des déchets.
Partant de là, je me suis posé la question suivante : comment le designer peut-il produire un matériau à partir de la cendre en l’expérimentant ?
L’objectif de ce projet est de créer des matériaux pouvant être employés comme de nouveaux modes d’auto-production pour les designers. Ces matériaux devront révéler les qualités visuelles et sensorielles propres à la cendre.